1. Terminologie

Il est aussi intéressant de constater que le spécisme ne soutient pas seulement des discriminations humain/animal, mais également des discriminations arbitraires entre animaux. On peut par exemple citer les réactions horrifiées des consommateurs lorsqu’ils ont appris que des dauphins étaient capturés et tués lors de la pêche au thon (ce qui a mené à la création du label « Dolphin Safe »). Pourquoi aucune empathie similaire n’a été montrée pour les thons ? La manière dont nous traitons les animaux dépend ainsi souvent du « capital sympathie » de l’animal en question, critère tout aussi discriminatoire et arbitraire que le serait de donner des meilleures notes à l’école aux enfants « mignons » par exemple.
3. Les animaux se mangent entre eux, c’est la loi de la nature ! Nous sommes au sommet de la chaîne alimentaire, pourquoi essayer de nous en extraire?
4. Pourquoi se préoccuper des animaux et non des plantes ? Vous n’entendez pas les carottes crier quand vous les arrachez ?
Dans le doute, si nous souhaitons épargner tant que possible
les carottes et ne plus avoir à supporter leurs cris, et surtout celui de
toutes les plantes fourragères, le choix qui s’impose est de cesser de manger
les animaux et leurs produits dérivés. En effet, déguster un steak de 100g de
bœuf implique, outre la mise à mort du bœuf lui-même, le « meurtre »
de 700g à 1kg de plantes céréalières, qui ont servi a nourrir l’animal. Se
nourrir de ces mêmes céréales directement, à calories et protéines égales,
permettrait donc de diminuer d’un facteur de 7 à 10 la quantité d’une
éventuelle « souffrance végétale »-
5. Si l’homme préhistorique n’avait pas mangé de viande, nous ne serions pas là aujourd’hui !
6. Nous avons des canines, c’est bien que nous sommes faits pour manger de la viande !
7. Les animaux d’élevage et de laboratoire ont été « créés » pour cela, alors quel est le problème ? De toute façon ils n’ont rien connu d’autre !
8. Si nous voulons épargner tous les animaux, alors il faudrait constamment balayer devant nous pour éviter de marcher sur des fourmis, ne pas conduire pour épargner les moucherons, développer de la compassion pour les vers solitaires et les acariens... Et pourquoi pas aussi pour les bactéries ?
Le fait qu’un individu, humain ou animal, ressente de la
douleur ne peut être déterminé avec certitude, mais peut seulement être inféré
sur la base de ses réactions physiologiques et comportementales. Par exemple,
si mon voisin hurle un juron après s’être coincé la main dans la portière de sa
voiture, que ses pupilles se dilatent, que son visage devient rouge, et qu’il
se tient la main d’un air contrit, j’en conclus qu’il ressent de la douleur,
car j’aurais probablement une réaction similaire si je souffrais.
En conclusion, il semble à priori acceptable de se débarrasser de son ver solitaire sans état d’âme, tout autant que de ses acariens. Par contre, étant donné la quasi-certitude sur le fait que les animaux élevés pour leur chair, pour la recherche scientifique, et pour notre divertissement (pour la grande majorité des vertébrés) sont capables de ressentir de la douleur, il convient de cesser de leur infliger des traitements qui les font souffrir.
En premier lieu, soyons clairs : ceci est une utopie. Ni
la viande du boucher du coin, ni le lait bio, ni les œufs d’élevage en
« plein air » n’ont été obtenus sans porter atteinte aux intérêts des
animaux en question, pour la simple et bonne raison que cela ne serait pas
rentable, en termes de temps et d’espace nécessaire.
Seuls les individus qui composent ces entités peuvent avoir des
intérêts. A priori, il paraît évident que la priorité d’un animal d’élevage ou
de zoo n’est pas de « sauvegarder son espèce ». Imaginons ce qui se
pouvait se passer dans la tête de (feu) Knut, l’adorable ours polaire du zoo de
Berlin : « D’accord, je passe mes journées à tourner en rond dans mon
enclos et à me faire traumatiser par mes trois congénères… C’est vrai, je suis
devenu obèse et dépressif à cause du manque d’espace et d’exercice… Mais bon,
ce n’est pas grave, parce qu’au moins, je participe à la préservation de mon
espèce ! ». Sérieusement ? Tout comme les salariés d’une
entreprise cherchent en premier lieu a assurer leur subsistance en conservant
leur emploi (et non à sauver leur entreprise pour sa valeur intrinsèque), les
animaux cherchent à vivre libres et sans souffrance, et non à se
« sacrifier » pour leur espèce.
Les conditions de la production de laine sont méconnues en Europe, et pour cause : 80% de celle-ci a lieu en Australie. Loin de
l’image du fermier sympathique qui tond son mouton à l’arrivée de l’été pour
que celui-ci ait moins chaud, ces élevages sont gigantesques – 2'000 à 10'000
têtes, rentabilité oblige. Victimes d’un manque de soin et des conditions
climatiques extrêmes du pays, 30% des agneaux meurent avant l’âge de 8
semaines. Les moutons sont tondus au début de l’hiver, lorsqu’ils ont le plus
de laine. Un million d’entre eux meurt ainsi de froid chaque année.

Ce mythe merveilleux de l’aimable fermier qui soulage la vache de son excédent de lait a été relayé (aux côtés d’un 2ème mythe, celui avançant que le lait est essentiel à la survie de l’homme) par l’industrie laitière au point qu’une évidence enseignée à l’école primaire semble être passée aux oubliettes : comme tous les mammifères, une vache a besoin d’avoir un petit pour produire du lait.
Et pour approfondir : "Cuisinez sans lait et sans oeufs" de Valérie Cupillard.
17. Pourquoi refuser les œufs ? Il est naturel pour une poule de pondre des œufs !
Il ne s’agit pas de « tout ou rien », il n’est pas
« obligatoire » de choisir son camp entre « 100% vegan » et
« omnivore qui laisse tomber parce que de toute façon c’est impossible de
vivre sans tuer au moins une mouche ». Vous entendrez souvent les gens
vous dire « Et les crevettes t’as le droit ? et le fromage de
chèvre ? et les huîtres ? ». Il n’y a pas de guru ou d’autorité
suprême qui décide de ce dont vous avez le droit ou pas, ou qui vous donnera
une médaille si vous obéissez aux commandements correspondant à
l’ « étiquette » que vous avez choisie.

Enfin, n’oubliez pas que le végéta*isme n’est pas un sacerdoce ! C’est l’occasion de découvrir des saveurs surprenantes, de tester des ingrédients étonnants, de rencontrer des personnes intéressantes et épatantes, d’avoir des discussions stimulantes et marrantes, des réflexions peu courantes, une peau resplendissante, une chevelure brillante, une santé époustouflante et la joie d’avoir une éthique de vie cohérente !
Végétarien :
personne consommant uniquement des végétaux, des
œufs, du lait et du miel. Un végétarien ne consomme la chair d’aucun animal,
que ce soit celle des animaux terrestres (volaille, bovins, insectes, etc.) ou
des animaux marins (poissons, « fruits de mer», mammifères marins, etc.). Un
végétarien ne consomme, bien sûr, aucun sous-produit de l’abattage des animaux, comme la gélatine, la présure, le caviar. Il ne porte pas non plus de cuir.
Végétalien : personne consommant
uniquement des végétaux. Un végétalien ne consomme ni viande, ni sous-produits
d’animaux terrestres ou marins, ni œufs, ni lait, ni miel.
Vegan : terme anglo-saxon, souvent
traduit par « végétalien » en français. Il y a toutefois une distinction
entre ces deux termes. Un vegan, en plus d’être végétalien, n’utilise aucun
produit d’origine animale ou issu de l’exploitation animale dans toutes les
facettes de sa vie (habits, chaussures, produits cosmétiques, objets divers,
loisirs, etc.) Il n’utilise donc ni cuir, ni laine, ni fourrure, ni cire
d’abeille, ni produits testés sur les animaux, ne visite ni les cirques ni les
zoos, etc.
(Nous
utiliserons ici le terme « végéta*ien » afin d’englober ces trois
notions)
2. Qu’est-ce que le
spécisme ? et l’égalité animale ?
Par analogie avec le racisme et le sexisme, le spécisme est une
forme de discrimination
basée sur le seul critère de l’espèce. En d’autres termes, selon l’idéologie
spéciste, il est normal d’accorder moins d’importance aux intérêts et aux
besoins d’un individu plutôt qu’à ceux d’un autre en raison de son espèce. Il
est ainsi considéré acceptable de pêcher et tuer un thon pour permettre à un
humain de déguster une assiette de sushi, pour la simple raison que « ce
n’est qu’un poisson ».
On tente souvent de justifier le spécisme en invoquant des différences
(réelles ou imaginaires) entre les espèces, qui n’ont toutefois aucun lien avec
la pratique qu’elle sont sensées justifiées. Il est par exemple souvent argué
qu’il est acceptable d’enfermer un cochon toute sa vie, pour finalement
l’abattre et en faire du jambon, étant donné qu’il est moins intelligent
qu’un humain, qu’il n’a pas de conscience de lui-même, pas de langage élaboré,
etc. Pourtant, ces facultés (ou leur absence) ne sont en rien pertinentes pour
justifier de faire souffrir et de tuer un individu. Si c’était le cas, nous
considérerions alors également acceptable d’infliger de tels traitements à des
humains sévèrement handicapés, ou à des nourrissons d’un ou deux jours, qui eux
non plus ne disposent pas de ces capacités.
Militer pour l’égalité animale ne revient pas à affirmer que les thons sont
identiques aux hommes, ou qu’il faut accorder aux thons les mêmes droits qu’aux
hommes. Ce mouvement vise à accorder aux intérêts du chaque individu la même
importance qu’à ceux des autres, humains ou non-humains. Si l’on met en balance
l’intérêt d’un thon à vivre et à ne pas mourir par étouffement dans les filets
d’un chalutier avec l’intérêt d’un humain de manger une bonne assiette de
sushi, il est évident que l’intérêt à vivre l’emporte sur l’intérêt gustatif.
Pourtant, en vertu de l’idéologie spéciste, on va considérer que l’intérêt
humain prime systématiquement, quels que soient les autres intérêts dans la
balance.

En somme, l’antispécisme vise à ce que les intérêts de chaque
individu, humain ou non-humain, et a fortiori les intérêts fondamentaux tels
que l’intérêt à vivre, à ne pas souffrir et à être libre, soient pris en compte
de manière égale.
Pour plus d’informations : « L’égalité animale expliquée aux humain-es » de Peter Singer
3. Les animaux se mangent entre eux, c’est la loi de la nature ! Nous sommes au sommet de la chaîne alimentaire, pourquoi essayer de nous en extraire?
Le fait qu’un comportement relève de la « nature » ou
pas n’a aucune incidence sur le fait que ce comportement soit souhaitable ou
non. Si tout ce qui est naturel est automatiquement « bon », et
qu’inversement tout ce qui ne l’est pas est « mauvais », il serait
bien immoral de notre part d’être en train de pianoter sur notre ordinateur, la
barbe rasée, les ongles coupés, vêtu d’autre chose que d’une peau de bête (si
c’est le cas). De surcroît, si l’on considérait que tout ce qui est
« naturel » est forcément bon, on estimerait que les séismes et les
tornades, phénomènes entièrement naturels, sont des évènements positifs, quel
que soit l’importance des destructions et le nombre de morts et de blessés
qu’ils entraînent. Pourtant, nous qualifions ces évènements de dramatiques
lorsqu’ils provoquent une telle quantité de souffrance. C’est en effet ce
dernier critère, l’impact sur les êtres sensibles, qui doit déterminer si un
comportement ou un événement est souhaitable.
Selon certains, l’homme est actuellement « au sommet de la
chaîne alimentaire ». En d’autres termes, il n’a pas de prédateur, il est
« le plus fort » (grâce à son intelligence et aux armes qu’il a pu
construire pour tuer tout autre animal). Cela justifie-t-il qu’il exploite et
abatte les autres animaux, sous prétexte qu’ils sont plus faibles que
lui ? La « loi du plus fort » n’est-elle pas ce qui a justifié
et continue de justifier des rapports de domination considérés inacceptables
tels que le colonialisme, la traite des femmes, la terreur imposée par les
gangs en Amérique centrale ? Avoir la capacité de dominer autrui n’implique pas
qu’il soit moral de le faire.
Pour plus d’informations sur l’idée de Nature, cliquez ici.
4. Pourquoi se préoccuper des animaux et non des plantes ? Vous n’entendez pas les carottes crier quand vous les arrachez ?
Les plantes, bien qu’étant des êtres vivants hautement
complexes, ne disposent pas de système nerveux ni d’aucun autre organe y
ressemblant, ce qui laisse supposer qu’à priori elles ne peuvent ressentir de
la douleur, du plaisir, de la peine ou de la joie. Il est aussi à noter que
l’intérêt évolutif de la sensibilité à la douleur réside dans la capacité de
l’individu concerné a réagir à celle-ci, par exemple par la fuite ou l’attaque.
Etant donné qu’un plante est incapable de telles réactions, il est difficile
d’imaginer comment et pourquoi une telle sensibilité aurait pu apparaître dans
le règne végétal.

Quelques réflexions sur la sensibilité attribuée aux
plantes ici.
5. Si l’homme préhistorique n’avait pas mangé de viande, nous ne serions pas là aujourd’hui !
Si l’homme préhistorique a eu besoin de viande pour survivre et
engendrer descendance, ce n’est plus notre cas aujourd’hui. Tout comme l’homme
préhistorique a probablement dû tabasser ses ennemis à la massue occasionnellement
pour défendre son territoire et sa progéniture, et la femme préhistorique se
résoudre à accepter sa pilosité abondante pour se protéger du froid, ces
pratiques ne sont aujourd’hui plus nécessaires et sont donc en général
abandonnées, ce qui devrait également être le cas de la consommation de viande.
En effet, non seulement nous pouvons « survivre »
végétariens, mais nous avons toutes les chances de produire une descendance en meilleure santé de cette manière. Le fait que nous ayons aujourd’hui le choix, vu la profusion
d’aliments d’origine végétale à notre disposition, ainsi que le fait que nous
ayons conscience que la consommation de viande entraîne la souffrance et la
mort d’êtres sensibles, implique une obligation morale de renoncer à cette
pratique.
6. Nous avons des canines, c’est bien que nous sommes faits pour manger de la viande !
Bien que de nombreuses études d’anatomie comparée aient démontré, de manière plus ou moins convaincante, que l’anatomie et la
physiologie du corps humain avaient plus de similitudes avec celles des
herbivores que celles des carnivores (pas de griffes, dents plutôt plates,
intestin grêle très long, etc.), l’être humain est pourtant bien omnivore, dans
le sens où il peut se
nourrir aussi bien de végétaux que d’animaux. Cela ne signifie pas pour autant
qu’il doive se
nourrir de ces deux groupes d’aliments pour être en bonne santé.
Au contraire, l’avantage évolutif de l’omnivorisme est de
permettre à l’animal d’adapter son régime à la disponibilité des aliments. Par
exemple, l’ours brun ne chasse généralement que lorsque les fruits, herbes et
graminées font défaut, souvent à l’automne ou au sortir de l’hiver.
Aujourd’hui, contrairement à l’ours brun, nous avons constamment
à disposition une quantité de végétaux largement assez variée pour couvrir nos
besoins, et nous n’avons par conséquent aucun besoin de consommer des produits
animaux.
Ceci nous permet donc d’effectuer notre choix en tenant compte
des conséquences morales de celui-ci. Il nous paraît par exemple évident que,
malgré que le fait que nous puissions manger et digérer parfaitement la viande
de chien, nous devons nous en abstenir. Pourquoi raisonner différemment pour
les autres animaux ?
Pour rire un peu (en anglais)...
7. Les animaux d’élevage et de laboratoire ont été « créés » pour cela, alors quel est le problème ? De toute façon ils n’ont rien connu d’autre !
Le fait que ces animaux aient été élevés dans ce but, et aient
depuis leur naissance connu des conditions de vie déplorables n’enlève rien à
leur capacité à ressentir la douleur et la peur, et ne diminue pas leur désir
de vivre.
Un tel raisonnement serait considéré inacceptable pour des
êtres humains. Jamais il ne nous viendrait à l’esprit d’ « élever des
enfants dans le but de plus tard leur prélever des organes pour sauver des
vies », et d’affirmer que cela ne pose pas de problème puisque ces enfants
ont été créés pour cela. Il n’y a aucune raison logique pour qu’il en soit
différent pour les animaux.
8. Si nous voulons épargner tous les animaux, alors il faudrait constamment balayer devant nous pour éviter de marcher sur des fourmis, ne pas conduire pour épargner les moucherons, développer de la compassion pour les vers solitaires et les acariens... Et pourquoi pas aussi pour les bactéries ?
En effet, où placer la limite de notre
considération morale ? Aux mammifères ? Aux vertébrés ? Aux
animaux atteignant un certain niveau d’intelligence ? Aux animaux
sympathiques ? Ces critères, aussi attirants qu’ils soient à première vue,
n’ont aucune pertinence dans la détermination de la moralité de nos pratiques à
l’égard des animaux, humains ou non-humains. Se baser sur ces caractéristiques
serait tout aussi absurde que si un médecin urgentiste choisissait quels
patients il allait traiter en priorité selon le quotient intellectuel ou le
sens de l’humour de ceux-ci. Ainsi qu’énoncé par le philosophe britannique
Jeremy Bentham au XVIIIème siècle, la question pertinente à se poser n’est pas
« Peuvent-il raisonner ? ni : peuvent-ils parler ? mais : peuvent-ils souffrir ? ».
En d’autres termes, ce qui importe est la capacité de
l’individu à ressentir de la douleur, du plaisir, de la peur, de la joie, etc.
Car c’est seulement s’il peut ressentir de telles émotions et sensations qu’il
peut avoir un intérêt, une préférence : l’intérêt de rechercher le plaisir
et la joie, et d’éviter la douleur et la peur par exemple. Une balle de tennis
n’à aucune préférence entre se faire frapper par une raquette ou ne pas se
faire frapper, puisqu’elle ne ressent rien. Au contraire, un chaton préfèrera
ne pas se faire frapper par une raquette de tennis, puisque cela lui sera
certainement très douloureux (et probablement aussi terrifiant).
Notre considération morale doit donc se restreindre aux
individus doués de sensations, ou pour reprendre le terme anglais, aux êtres
« sentient ».

Sur ce même principe, il y a aujourd’hui consensus dans la communauté scientifique sur le fait que tous les vertébrés, donc poissons et
oiseaux inclus, ainsi que certains céphalopodes (pieuvres notamment), peuvent
ressentir de la douleur.
Il a en effet été montré que ces animaux réagissent de manière analogue aux
humains lorsqu’ils sont mis en présence d’un stimulus négatif :
vocalisations, libération d’hormones du stress, accélération du rythme
cardiaque et de la pression sanguine, etc.
Il est généralement estimé (même si l’on ne peut en avoir la
certitude) que la plupart des invertébrés (et a fortiori les bactéries), à
l’exception des céphalopodes, ne peuvent pas ressentir de douleur, notamment en
raison du fait qu’ils ne disposent pas de système nerveux élaboré, et que l’on
n’observe pas de changements comportementaux lorsqu’ils sont exposés à un
stimulus négatif.
En conclusion, il semble à priori acceptable de se débarrasser de son ver solitaire sans état d’âme, tout autant que de ses acariens. Par contre, étant donné la quasi-certitude sur le fait que les animaux élevés pour leur chair, pour la recherche scientifique, et pour notre divertissement (pour la grande majorité des vertébrés) sont capables de ressentir de la douleur, il convient de cesser de leur infliger des traitements qui les font souffrir.
9. Est-ce qu’il ne
serait pas préférable de militer pour améliorer les conditions d’élevage des
animaux ? S’ils étaient bien traités et tués sans douleur, il n’y aurait
pas de problème à las manger n’est-ce pas ?
Il est évident que tenter de diminuer la souffrance des animaux
d’élevage en améliorant les conditions dans lesquelles ils sont détenus,
transportés et mis à mort ne peut qu’être souhaitable.
L’idéal invoqué par beaucoup est celui d’un élevage entièrement
respectueux des besoins des animaux (à l’image des vaches paissant paisiblement
au soleil que l’on peut voir sur les briques de lait et des cochons hilares
ornant les vitrines de boucheries) et d’une mise à mort totalement indolore.

Imaginons néanmoins que nous sommes au pays de la Vache qui
Rit, où tous les animaux se nourrissent d'herbe fraîche et gambadent dans les prés
365 jours par an, attendant l’heure de leur abattage sans douleur avec
insouciance et allégresse. Le fait que ces animaux mènent une vie heureuse
légitime-t-il le fait de les tuer ?
Faisons un « saut d’espèce » et revenons à
l’être humain. Il serait indubitablement choquant de mettre à mort, de manière
indolore, un individu, sous prétexte qu’il a eu une existence très agréable,
quelle que soit l’utilité invoquée de ce meurtre. Pourquoi ? Parce que
nous estimons qu’il a un intérêt à vivre. Si la vache ou le mouton n’ont
probablement pas de projets d’avenir pour eux-mêmes ou pour leurs enfants semblables
à ceux que les humains peuvent avoir, cela ne signifie pour autant pas qu’il
n’ont pas un intérêt à vivre, d’autant plus si leur existence est agréable. (Si
vous répondez : « Oui mais ce sont des animaux, on ne peut pas
comparer avec les humains ! », rendez-vous à la question 2
« Qu’est-ce que le spécisme ? »)
10. Si Dieu ne voulait
pas que nous mangions les animaux, comment se fait-il qu’il les ait faits en
viande ?
11. Si tout le monde
devient végéta*ien, des milliers d’éleveurs seront au chômage !
Chaque changement dans nos habitudes de vie et de consommation
entraîne inévitablement des restructurations dans le domaine de l’emploi.
L’invention de l’ampoule au XIXème siècle a probablement forcé à la
reconversion professionnelle de nombreux fabricants de bougie… tout comme
l’abolition de la peine de mort mettrait tous les bourreaux au chômage. Ce qui
n’est de tout évidence pas une raison valable pour continuer à appliquer la
peine capitale.
Heureusement pour les éleveurs (et malheureusement pour les
animaux) il y a peu de chances que toute la planète devienne végétalienne du
jour au lendemain. Il est plus probable que ce changement se fasse de manière
graduelle. Si la demande en viande baisse, le secteur deviendra moins attractif
pour de potentiels éleveurs qui choisiront donc de s’orienter vers un autre
domaine, et la transition se fera donc naturellement (pour autant que le marché
cesse d’être distordu par des subventions massives au secteur viande/produits
laitiers : pour donner un ordre d’idée, CHF 34.8 millions ont été versés
dans le cadre de « mesures d’encouragement de l’élevage » en 2009).
La marque Sojasun, connue pour avoir démocratisé les yaourts et autres
substituts de produits laitiers à base de soja, a d’ailleurs été créée par une
famille de laitiers bretons reconvertis dans ce domaine.
12. Si tout le monde
devenait végéta*ien, les animaux d’élevage n’auraient plus aucune utilité et
disparaîtraient ! N’est-il pas cruel d’exterminer des espèces de la sorte ?
Chaque jour, de nouvelles espèces apparaissent et d’autres
disparaissent. Les écosystèmes ne
sont en effet pas des ensembles figés, mais évoluent constamment. Le fait
qu’une espèce disparaisse n’est ni « bien », ni « mal »
d’un point de vue moral. Pour déterminer si un acte est souhaitable moralement,
il s’agit de déterminer quels sont les intérêts en présence et comment les
satisfaire au mieux. Une espèce en tant que telle ne peut pas avoir d’intérêts
puisqu’elle est n’est pas un être doté de sensations, tout comme une entreprise
par exemple, pour laquelle le fait de faire faillite ou non n’importe pas,
puisqu’elle ne ressent rien.

L’argument est d’autant plus absurde concernant les animaux
d’élevage, pour la plupart issus de sélections/manipulations génétiques telles
qu’ils sont aujourd’hui inaptes à se reproduire naturellement, voire à se
déplacer correctement. Les vaches laitières suisses, sélectionnées pour
produire en moyenne 7'500 litres de lait par an,
soit 8 fois plus que dans les années 1950, n’ont rien a envier aux dindes de
Thanksgiving citées par Jonathan Safran Foer (dans son livre à succès "Faut-il manger les animaux ?"), qui
ne peuvent plus se reproduire ni même marcher, leurs os ne supportant pas leur
propre poids.
Si tout le monde devenait végéta*ien du jour au lendemain, il
ne s’agirait donc pas d’exterminer ces espèces en les empêchant de se
reproduire mais simplement de cesser de les inséminer artificiellement et
d’offrir une fin heureuse aux derniers de leurs représentants.
13. Mais les animaux
vont envahir les villes si nous arrêtons de les manger !
Certes. Maintenant qu’Ousama Ben Laden est mort, l’invasion de
vaches et de moutons échappés d’abattoir est une des menaces les plus
terrifiantes qui planent sur le 21ème siècle.
Plus sérieusement : non, rien de cela ne va se passer.
D’une part, tout le monde ne va pas devenir végéta*ien du jour au lendemain, et
le secteur aura bien le temps de s’adapter à une demande décroissante. D’autre
part, il faut savoir que la grande majorité des animaux d’élevage ne se
reproduisent pas spontanément : les femelles subissent des inséminations
artificielles, plus rentables pour l’éleveur, qui permettent de féconder un
grand nombre d'entre elles avec la semence d’un seul mâle. Si par hasard la
demande en viande/produits laitiers s’écroulait brusquement, il suffirait
donc de cesser ces inséminations et de permettre aux vaches de terminer leur
vie paisiblement.
14. Pourquoi se
préoccuper des animaux alors qu’il y a tant d’enfants qui meurent de faim en
Afrique ?
Vouloir hiérarchiser les causes à défendre et ne s’autoriser à
militer pour une cause que quand toutes les causes plus graves seront résolues
n’a aucun sens. Faudrait-il s’abstenir de militer pour l’accès à l’éducation
des fillettes au Cambodge tant que le problème de l’excision en Afrique n’a pas
été réglé, cette mutilation physique étant à priori considérée comme plus
« grave » ?
Cette objection est d’autant moins fondée concernant le
militantisme animaliste, qui est un des combats les plus faciles à mener
quotidiennement, consistant simplement à choisir de se nourrir de végétaux
plutôt que d’animaux et à ne pas consommer de produits ou divertissements
provenant de l’exploitation animale. Cette forme de militantisme n’empêche
ainsi en rien de militer également pour d’autres causes!
Sans compter que le régime omnivore de ceux qui se préoccupent
soi-disant des « enfants qui
meurent de faim en Afrique » contribue justement à gaspiller les ressources en eau et en terre agricoles qui pourraient nourrir ces enfants…
15. Pourquoi refuser
la laine ? Est-ce que nous ne rendons pas un service aux moutons en les
tondant ?

Le sort des Merinos (qui constitue la majorité des moutons) est
de loin le moins enviable : pour éviter que des mouches ne pondent leurs
œufs dans les replis de peau de l’animal aux environs de l’arrière-train, rendu
humide par l’urine et une épaisseur de laine trop importante, et que les larves
ne « mangent l’animal de l’intérieur », les agneaux subissent une
opération appelée mulesing. Cette intervention, pratiquée sans anesthésie, consiste
à découper de larges bandes de chair sur cette zone, la cicatrice qui en
résulte (après 1 mois de cicatrisation) constituant une barrière contre les
souillures et la ponte des mouches. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Mulesing).
Les « aventures » du mouton ne s’arrêtent pas là.
Avec l’âge, lors qu’il devient moins productif, il est alors récupéré par
l’industrie de la viande. Des millions de moutons sont ainsi chaque année
transportés vivants par bateau pour un voyage de 3 semaines vers le
Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où ils sont finalement égorgés pour être
mangés.
16. Pourquoi refuser
les produits laitiers ? Il est naturel pour la vache de produire du lait
et de se faire traire !

Ce mythe merveilleux de l’aimable fermier qui soulage la vache de son excédent de lait a été relayé (aux côtés d’un 2ème mythe, celui avançant que le lait est essentiel à la survie de l’homme) par l’industrie laitière au point qu’une évidence enseignée à l’école primaire semble être passée aux oubliettes : comme tous les mammifères, une vache a besoin d’avoir un petit pour produire du lait.
En toute logique, sachant que l’objectif est de garder un
maximum de lait pour la consommation humaine, le veau est retiré à sa mère au
plus tard quelques jours après sa naissance. Les veaux les plus faibles sont
abattus immédiatement, pour fournir de la viande pour animaux ainsi que de la
présure (utilisée dans la fabrication du fromage). Certaines femelles sont
nourries de « lactoremplaceurs », formules composées de lait en
poudre et de divers suppléments) et deviendront à leur tour des vaches
laitières, subissant leur première insémination entre 18 et 24 mois. Une partie
des veaux, destinés à produire de la viande de bœuf, sont envoyés dès l’âge de
deux semaines dans des unités d’engraissement intensifs, où ils sont maintenus
à l’étroit pour éviter la moindre perte de poids. D’autres enfin, destinés à la
viande de veau, seront nourris de substituts laitiers carencés en fer et en
fibres (afin que leur chair ait la couleur blanche demandée par les
consommateurs), jusqu’à leur mise à mort à l’âge de 3 mois et demi.
La mère du veau est quant à elle ré-inséminée 2 à 3 mois après
la mise bas, ce qui permet une productivité de lait optimale. En effet, si la
vache ne tombait pas à nouveau enceinte, elle cesserait progressivement de
produire du lait, tout comme une humaine. Après 5 à 7 grossesses, à l’âge de 8
à 10 ans, le rendement de la vache baisse, et celle-ci est envoyée à
l’abattoir. L’espérance de vie normale d’une vache est de 20 ans.
Outre les conditions de vie déplorables des vaches laitières,
il faut garder en tête que la production de lait est indissociable de la
production de viande, et donc tout aussi inacceptable.
Pour remplacer…
- le lait de vache : lait de
soja, de riz, d’avoine, de millet, d’amande…
- les yaourts : yaourts de soja,
maintenant trouvables partout !
- le beurre : margarine, beurre
d’amande, de noisette, de sésame…
- la crème fraîche : crème de
soja ou d’avoine
- les glaces : sorbets ou glaces
au soja, disponibles en magasin bio et dans certains supermarchés
- le fromage : encore assez rare
hors des magasins bio, vous trouverez votre mine d’or chez Vegusto (avec mention spéciale pour la
fondue vegan !)
17. Pourquoi refuser les œufs ? Il est naturel pour une poule de pondre des œufs !
Les traitements infligés aux poules élevées en batterie ont été
largement médiatisés et dénoncés depuis plusieurs années déjà. Bien que ce type
d’élevage ait été interdit en Suisse depuis 1991, près de la moitié des œufs
consommés sont importés, dont une bonne partie provient d’élevages de batterie…
Le fait que les œufs proviennent d’élevage « au sol », en
« plein air » ou encore biologique ne garantit par ailleurs pas le
bien-être des poules, et n’empêche pas les exploitants de les envoyer à
l’abattoir lorsqu’elles ne sont plus assez productives, autour d’un an (une
poule en liberté vivant en moyenne 10 ans).
De surcroît, un problème majeur de la production d’œufs est
systématiquement occulté, bien que relevant du bon sens de base. Pour
« créer » de nouvelles poules pondeuses, il est nécessaire de
féconder des œufs. Et, en toute logique, d’un œuf sur deux éclot un poussin
mâle. Ces poussins n’ayant aucune utilité, ils sont broyés vivants ou gazés, et
ensuite jetés. En Suisse, le cheptel total de poules pondeuses est de 2.2
millions (galllosuisse). Il faut donc que naissent chaque année 4.4 millions de
poussins, dont la moitié, 2.2 millions de mâles, sont tués.
Pour remplacer les oeufs...
Vous pouvez utiliser au choix (pour 1 œuf) selon le "rôle" de l'oeuf:
Vous pouvez utiliser au choix (pour 1 œuf) selon le "rôle" de l'oeuf:
- pour humidifier : 60ml de lait
de soja
- pour lier : ½ banane écrasée ou
80g de tofu soyeux ou 1 càs de graines de lin mixées mélangées à 60ml d’eau
- pour lever : ½ càc de poudre à
lever
18. Je suis d’accord
que les tests sur les animaux pratiqués en cosmétologie sont inutiles, mais
l’expérimentation animale ne permet-elle pas de sauver de nombreuses vies
humaines ?
L’expérimentation animale dans la recherche médicale est en
effet un domaine pour lequel il semble a priori moins évident de déterminer si
les souffrances infligées aux animaux sont acceptables ou non. Dans ce cas, la
« balance » est moins facile à faire puisqu’il ne s’agit pas de
comparer un intérêt fondamental (ne pas souffrir et ne pas être tué) avec un
intérêt de toute évidence plus futile (gustatif, récréatif, vestimentaire…).
Ici, nous mettons en balance deux intérêts fondamentaux : la souffrance
des animaux utilisés pour les tests, et la souffrance des humains malades que
ces médicaments pourraient soulager.
Toutefois, il est important de signaler un « vice »
de départ à ce raisonnement. Nous partons toujours du principe que le fait de
tester tel ou tel médicament sur un animal va permettre de s’assurer de son
efficacité ou d’anticiper des effets secondaires négatifs sur l’homme. Pour
cela, il faudrait prouver que dans une majorité des tests effectués, l’effet
sur l’animal est le même que l’effet sur l’humain. Ceci n’a jamais été
démontré. De nombreux scientifiques reconnaissent d’ailleurs que les nombreuses
différences biologiques entre l’homme et l’animal « posent des problèmes
pour l’interprétation des résultats » et les décès humains dus à des
effets secondaires non détectés lors des tests cliniques sur animaux se
comptent par milliers (13'000 décès en France en 2005).
Des méthodes substitutives (cultures de cellules, biologie
moléculaire, simulation par ordinateur…) existent, mais ce domaine est encore
largement sous-exploité. Pourquoi ? Pour des raisons principalement
financières, et probablement aussi à cause de l’inertie qui règne dans la
recherche et le cadre juridique qui régit celle-ci.
Le financement actuellement attribué à ces méthodes est en
effet négligeable (en Europe, pour 3 milliards d’euros dépensés pour
l’expérimentation animale, seuls 12 millions sont consacrés au développement de
méthodes substitutives),
ce qui explique qu’universités, hôpitaux et instituts de recherches ne se
bousculent pas pour avancer sur ce terrain. Les grands groupes pharmaceutiques
ont quant à eux tout intérêt à conserver l’état actuel des choses : les
tests sur les animaux leur permettent de faire commercialiser assez facilement
des produits qui ne seraient pas nécessairement validés par des tests plus
précis, comme ceux des méthodes substitutives. De plus, les énormes bénéfices
dégagés par ces groupes ne peuvent que les encourager à maintenir le statu quo
plutôt que de se lancer dans des réformes qui ne pourront que les contraindre
davantage dans leurs recherches.
19. J’aimerais devenir
végéta*ien, comment faire ?
Internet est votre nouveau meilleur ami :
… pour dissiper vos craintes pour votre santé
… pour trouver des conseils pratiques
- le Kit des végétariens débutants de l’Association végétarienne de France
- Deux autres petits guides très
pratique pour débuter : ici et là.

… pour découper une jolie pyramide alimentaire a coller
sur votre frigo
... et bien sûr pour trouver des centaines de recettes
... et bien sûr pour trouver des centaines de recettes
N’hésitez pas également à contacter des associations
animalistes de votre région pour discuter quinoa et agar-agar, castration a vif
des porcs et abolition de la corrida ! Pensez également à faire tester vos
découvertes culinaires à vos amis, qui seront sûrement surpris de voir que vous
mangez autre chose que des « p’tites graines » !
20. Les végétariens et
végétaliens ne sont ils pas tous carencés ? Je connais un végétarien qui est maigre et tout pâle ! Mon médecin m’a dit qu’il était criminel d’élever un enfant
végétalien !
Non, les végétariens ne sont pas tous carencés. Selon
l’Association américaine de diététique et des Diététiciens du Canada, les
végéta*iens souffrent au contraire de moins de cancers, de maladies
cardiovasculaires, d’hypercholestérolémie, d’obésité, d’hypertension,
d’ostéoporose, de diabète de type 2, de calculs biliaires et de maladies
rénales.
Pour plus d’infos sur les protéines, le fer, le calcium, les
oméga 3, la vitamine B12, etc., cliquez ici (et envoyez ces liens à votre ami maigre et pâle et à
votre médecin !)
21. Personne ne vous empêche de vivre comme vous le
souhaitez, pourquoi essayez-vous d’imposer vos idées aux autres ? Le végéta*isme est une choix personnel !
Alors que les animaux d’élevage sont enfin
considérés par notre société comme des animaux sensibles, et donc qu’il est
communément accepté qu’il faut éviter de les faire souffrir autant que
possible, l’industrie agro-alimentaire déploie maintenant tous les moyens pour
nous convaincre que ces animaux sont heureux et qu’il est normal de les tuer
pour les manger.
Un véritable travail de désinformation est ainsi
effectué pour cacher aux consommateurs l’impact de l’élevage sur les animaux
(comme le montre notamment l’exemple du lait, dont le lien avec l’industrie de
la viande est largement ignoré, tout comme l’extermination massive des poussins
mâles dans l’industrie des œufs).
De surcroît, il existe aujourd’hui un véritable
tabou autour de la question de la domination humaine sur les autres espèces,
qui empêche d’aborder sérieusement la question du spécisme. Il semble effrayant
de remettre en question la position d’ « exception » de l’être
humain, alors on préfère en rire, ou l’on évoque cette revendication comme un
phénomène marginal, portée par de jeunes ascètes idéalistes fans de légumes (et
un peu extrémistes quand même).
Le but de notre mouvement n’est donc pas d’imposer
quelque comportement que ce soit, ce qui n’aurait aucun intérêt pour la cause à
long terme. Nous souhaitons en revanche informer sur la réalité des élevages,
des laboratoires et des zoos, et sur la réalité de la souffrance des animaux
qui y sont exploités. Aussi, nous visons surtout à provoquer le débat pour que
l’on puisse enfin aborder la question du spécisme, remettre en question ses
fondements et envisager une approche cohérente dans nos rapports avec les
autres êtres sensibles, humains et non-humains.
Si l’argument du « choix personnel » est
une tactique couramment utilisée pour éviter les confrontations d’idées, il
s’avère qu’elle est, dans le débat sur le végéta*isme, largement inadéquate.
Attardons nous sur ce que l’on entend par cette
expression. Derrière la notion de « choix personnel » se cache le
droit à la liberté individuelle, une des valeurs fondamentales de notre
société. En d’autres termes, nous pouvons agir comme il nous semble, pour
autant que l’on ne porte pas atteinte aux intérêts d’autrui (sans mauvais jeu
de mot). Lorsque l’on invoque « son choix personnel » à faire quelque
chose, on sous-entend donc que l’on est libre de faire telle chose, parce que
l’on « embête personne ».
Ce que nous impliquons par choix personnel n’est
ainsi pas un choix qui a été pris par une seule personne (dans ce cas un tueur
en série pourrait aussi invoquer son « choix personnel de tuer des jeunes
femmes les soirs de pleine lune»), mais un choix qui n’a un impact que sur la
personne même qui a fait ce choix. Jouer de la guitare plutôt que du piano est
un choix personnel, car il n’a aucune implication pour quiconque, hormis
l’auteur de la décision. On contraire, battre son chien n’est pas un choix
personnel, car il touche un autre être sensible, et provoque notamment des
douleurs chez celui-ci. De manière similaire, étant donné que la consommation
de viande ou inversement le végéta*isme ont tous les deux un impact,
respectivement négatif et positif, sur des êtres sensibles autres que les
auteurs du choix, il ne peuvent être considérés comme des choix personnels.
Pour qu’un rapport de domination soit remis en
question, il est nécessaire que des voix – généralement celles des victimes de
cette domination - se lèvent. Tout comme d’autres groupes vulnérables, tels que
les jeunes enfants ou les handicapés profonds, les animaux n’ont pas la
capacité de faire entendre leurs intérêts. Il est donc de notre responsabilité
à tous de prendre en compte au mieux ce qu’ils ressentent et de lutter pour que
leurs intérêts, en partant du plus fondamental, l’intérêt à vivre, soient enfin
reconnus.
22. Etre vegeta*ien
c’est impossible! Si c’est pour ne plus avoir de vie sociale, passer mes
soirées en tête à tête avec mon tofu et le reste de mon temps à vérifier les
étiquettes au supermarché, je préfère continuer à manger de la viande !
Si certaines personnes préfèrent passer à un mode de vie
végéta*ien du jour au lendemain, pour beaucoup la transition est plus
progressive.
Si vous avez envie vous rapprocher du végéta*isme mais que
certaines contraintes vous paraissent insurmontables pour le moment (renoncer à
la blanquette de veau dominicale de votre belle-mère à la fameuse goulash de
votre coloc hongrois Szabolcs), que cela ne vous empêche pas d’adhérer à vos
convictions le reste du temps ! Notre but n’est pas de
« convertir » une poignée de personnes au veganisme et de décourager
les autres.

Il est par ailleurs impossible en pratique de mener une vie
« 100% vegan ». Nos routes et immeubles sont parfois construits avec
des ingrédients animaux, de nombreux livres contiennent des colles composées de
produits animaux, des insectes sont tués lors du labour des champs de céréales…
Votre unique responsabilité est de vous informer, d’assumer
avec honnêteté les implications de vos choix sur les autres êtres sensibles de
cette planète, et enfin de décider en fonction de tout cela de la voie dans
laquelle vous souhaitez vous engager. Ensuite, il s’agit de faire de son mieux
pour avancer dans cette voie, avec vous pour seul juge.

Enfin, n’oubliez pas que le végéta*isme n’est pas un sacerdoce ! C’est l’occasion de découvrir des saveurs surprenantes, de tester des ingrédients étonnants, de rencontrer des personnes intéressantes et épatantes, d’avoir des discussions stimulantes et marrantes, des réflexions peu courantes, une peau resplendissante, une chevelure brillante, une santé époustouflante et la joie d’avoir une éthique de vie cohérente !